La Cour pénale internationale (CPI) a confirmé mercredi 31 mars l’acquittement, prononcé en 2019, de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, reconnu non coupable de crimes contre l’humanité, et de Charles Blé Goudé, ex-chef du mouvement des Jeunes patriotes. Les juges ont donc rejeté l’appel de Fatou Bensouda. Un revers pour la procureure de la CPI qui quitte ses fonctions le 15 juin prochain.
Avec notre correspondante à La Haye, Stéphanie Maupas
C’est une décision claire et ferme qu’a pris la chambre d’appel. La procédure n’a pas été entachée de vices, comme le reprochait l’accusation. Les juges de première instance ne se sont pas trompés en évaluant les preuves et ces preuves étaient d’une « extrême faiblesse » a donc souligné la chambre d’appel peu avant de confirmer les deux acquittements.
C’est donc un nouveau camouflet pour la procureure Fatou Bensouda dans cette affaire.
Une affaire qui aura été mal enclenchée dès le départ puisque, après l’arrivée de Laurent Gbagbo à La Haye en novembre 2011, d’autres juges avaient une première fois rejeté le dossier, refusé de confirmer la mise en accusation. Ils avaient néanmoins donné une nouvelle chance au procureur.
Mais à chaque fois, depuis dix ans, et jusqu’à aujourd’hui, le bureau du procureur aura été alerté, prévenu sur deux points : l’incohérence de sa thèse et la faiblesse de ses preuves.
Les alertes n’ont rien changé et cette longue saga judiciaire s’est donc refermée aujourd’hui sur l’image d’un Laurent Gbagbo, assis dans la salle d’audience, les pouces levés en signe de victoire.
Fatou Bensouda a indiqué que son bureau avait «pris note du jugement »
« Sous mon mandat, notre approche de tous les cas dont nous sommes saisis a toujours été de faire progresser nos devoirs et nos responsabilités avec le plus grand professionnalisme en stricte conformité avec #RomeStatute. La même approche de principe a guidé notre travail dans ce cas », a réagi la procureure Fatou Bensouda. « En tant qu’officier de la Cour, je respecte l’intégrité de ce processus et la décision de la Chambre d’appel », a-t-elle ajouté sur Twitter. « Les deux juges d’appel dissidents auraient accueilli l’appel de mon bureau et ordonné un nouveau procès. Le processus judiciaire à la CPI concernant ces affaires conjointes a suivi son cours et a abouti à un résultat final », a conclu Fatou Bensouda.
Dans l’affaire, on constate qu’il n’y avait pas de preuves. Or c’est le Procureur qui a mené l’enquête : son équipe s’est efforcée de trouver de quoi bâtir le dossier d’accusation. Il faut revoir cette démarche. Je pense que le Bureau du Procureur doit revoir sa méthodologie et sa manière de conduire les enquêtes.
RFI