Indépendamment des belles analyses d’économistes de profession ou de grands diplômés, ceci est une lecture critique objective des conclusions de la mission 2021 de FMI en Guinée, par un citoyen activiste résolument engagé.
Cette lecture se veut avant tout, une lecture d’impact sur le développement à la base, donc la durabilité des résultats en termes de construction d’une vie décente pour le citoyen lambda et la stabilité dans le pays.
Aspects positifs :
Du positif, oui, bien qu’il y est des interrogations très soutenues, comme le coût des matières premières assez dérisoire (50 USD par tonne de bauxite par exemple) contrairement aux produits finis sur le marché mondial, l’exonération quasi-totale qui serait faite à des multinationales en contradiction avec le code minier et le faible niveau de la partie nationale par rapport aux experts très à jour engagés par ces sociétés dans le calcul des intérêts tel que les 15% alloués à l’ANAFIC, un certain regard positif est soutenable des conclusions de la mission 2021 du FMI. A cet effet, malgré ces insuffisances susmentionnées, c’est une évidence que l’essor réalisé avec le secteur minier en termes de croissance (5,2%,… 7%…) apportant un certain équilibre budgétaire d’atténuation des effets du Covid-19 et de la corruption, est hautement salutaire. C’est également le cas des prouesses en termes d’infrastructures réalisées à travers l’ANAFIC dans les 304 CR et les 33 CU du pays, qui renforcent les capacités d’actions des collectivités et les services administratifs locaux, si elles sont rendues opérationnelles de sitôt et entretenues de façon permanente. On note aussi des encouragements bien que timides de la mission aux efforts de lutte contre la corruption, sans oublier les efforts de soulagement de la souffrance des populations par la prise en charge des factures d’eau et d’électricité par l’Etat à des moments très critiques de la pandémie au Covid-19.
Sur le Rôle conseil du FMI :
Des préoccupations, incompréhensions et inquiétudes citoyennes subsistent sur un éventuel rôle conseil que le FMI joue auprès des États dits moyens avancés ou en voix d’émergence, même si les conclusions de la mission font mention de quelques rares recommandations relatives à certaines insuffisances, comme la corruption. Ce faisant, loin du regard équilibriste du grand économiste professionnel ou diplômé, qui semble ne jamais s’interroger ou se remettre en cause quant à l’improductivité de sa théorie classique d’analyste ou de gestionnaire dans le tiers monde, on peut s’interroger sur certains aspects comme :
- Au lieu d’encourager le gouvernement vers une politique de durcissement fiscal sur le dos des citoyens dans ce contexte de la pandémie (Covid-19), la mission aurait dû déconseiller cela et recommander le respect strict de la loi par les multinationales en terme d’exonération, alors que c’est seulement deux (2) qui seraient en conformité avec le code minier guinéen. C’est comme le cas de l’augmentation du prix du carburant ou la facture de la consommation domestique de l’électricité. Même s’il faut reconnaitre que le coût de l’électricité est beaucoup plus faible en Guinée (le revenu aussi) que dans bon nombre de pays, mais le mal réside beaucoup plus pour un premier temps dans la sécurisation des ressources recouvrées dont une importante partie se volatilise avant les caisses de l’État.
- Aussi, je vois pas pourquoi la mission, sachant bien le déséquilibre d’une part entre la partie nationale et les multinationales dans la défense des intérêts pendant l’élaboration des conventions, et d’autre part entre la baisse du prix des matières premières en opposé à la hausse des prix des produits transformés pour la consommation, n’a porter aucune analyse critique à cet état de fait ou encourager une politique de formation adaptée de la partie nationale afin de favoriser la transparence dans l’élaboration/mise à jours des conventions et le calcul d’intérêts y afférents ;
Sur la résilience et l’adaptabilité Covid-19 :
Avec les bouleversements d’ordre sociopolitique et économique du monde par le Covid-19, chaque Etat ou regroupement d’États se devait de se réinventer pour une certaine adaptabilité au contexte Covid-19 en vue d’une résilience économique. Comme certaine pays du nord, qui ont développé l’économie numérique par la vente en ligne, ayant contribué à la réduction du prix des produits sur le marché moins chers qu’avant Covid-19, les pays africains et leurs partenaires doivent bien s’interroger sur les innovations ou approches de résilience qu’ils développent pour faire face à ces bouleversements. Par exemple pour le cas de la Guinée, dont on parle des conclusions de la mission de FMI 2021, il est étonnant de constater que les restrictions Covid-19 ont favorisé l’augmentation des produits importés sur le marché local et réduit l’exportation de la production locale, tout en entrainant paradoxalement la hausse des prix des produits locaux en les rendant moins accessibles au consommateur par rapport à ceux importés. Fort fut mon étonnement de constater que cet aspect semble n’est pas assez attiré l’attention de la mission d’évaluation de FMI en terme de recommandations.
Mais, comment ne pas comprendre cela, quand on constate des “intellectuels” commenter à contre-courant avec l’œil conformiste et paresse intellectuelle, la célèbre déclaration <<… Kônkoye,…, Kôbô-kôbô,… ne vient pas dans Conteneur…>> d’un parlementaire. Ces intellectuels dans leur confort éphémère oubli que sans politique d’appui à la production locale pour son accessibilité concurrentielle par le coût et la qualité, le consommateur se tourne vers les produits d’importation pour enrichir ainsi le producteur étranger au détriment du producteur local, donc de l’économie nationale.
De toute évidence, la mission d’évaluation de FMI, connaissant bien que contrairement, aux ami(e)s du nord, les pays africains n’impriment pas leurs billets de banque pour être qualifier très performant ou résilient, à mon sens, devait avec la situation actuelle d’appauvrissement des populations encourager le gouvernement non pas à l’augmentation des taxes à impact directe sur le pauvre citoyen, mais réfléchir à d’autres approches de mobilisation des ressources et la sécurisation des recettes mobilisées ou mobilisables.
En conclusion, avec le faible taux de létalité Covid-19 et de potentielles capacités de résilience en Afrique, cette pandémie avec ses restrictions aurait permis aux Gouvernements des pays africains, donc de Guinée, de se réinventer pour un nouveau paradigme économique, sociale et politique, en lieu et place de la complaisance habituelle et contre-productive faite aux institutions de finances internationales.
Abdoul sacko
Acteur de la société civil, Leader d’opinion
Consultant sur les questions de conflits et d’intégration des jeunes/femmes