Au bout d’une partie suffocante, absolument passionnante cependant, toujours balbutiante de bal de faux-culs et de guerre de leadership, le RPG a bien pu organiser avec fanfare et trompète sa convention nationale.
Pour un parti qui est en état d’hibernation, après avoir été éconduit du pouvoir par un coup d’État, c’était alors l’occasion d’infirmer toutes les prophéties sombres construites autour de son avenir. Démontrer à ceux qui doutent de sa résurrection, et à juste raison, que l’héritage politique d’Alpha Condé se porte comme un charme. Et que le coup d’Etat n’a été qu’une petite parenthèse, douloureuse certes, mais nécessaire pour congédier le fondateur qui a juré chez nos confrères de jeune Afrique, de n’avoir aucun dauphin, parce que n’ayant été lui-même le dauphin de personne. Donc un fondateur égocentrique qui a refusé la restructuration du parti à l’effet de favoriser l’émergence d’un autre leadership. C’est le sentiment qu’on peut bien avoir.
A priori, le rendez-vous, c’était plutôt pour entériner le choix d’Ibrahima Kassory Fofana, pour présider le conseil exécutif provisoire, un organe de circonstance qui divise au sein du parti, aussi bien pour sa légalité que pour son opportunité.
C’est peu dire que l’ancien Président du GPT, au leadership irréprochable et à la personnalité transversale était peu attendu pour assumer cette responsabilité. Cependant, son choix plébiscité par une salle comble risque, dans les conditions dénoncées par ses adversaires, d’aggraver les contradictions à cause des positions tranchées sur le sujet.
En effet, pour la nouvelle équipe qui trône désormais sur le parti, cette page est tournée.
Ce jeudi 31 mars, elle a affiché sa volonté de s’affranchir de la peur du bide pour se préparer à la bataille d’une reconquête incertaine du pouvoir.
A l’allure de vainqueur d’une bataille de légitimité qu’il estime désormais non opposable à la mobilisation réussie par son camp, puis d’un air trop pressé pour revenir au plus vite aux affaires, Dr. Kassory Fofana va prendre à son compte, dans un discours qui va traverser le temps, l’une des réclamations de ses adversaires politiques sur le terrain. Il s’agit du dialogue politique.
A propos, l’ancien Premier Ministre va demander, sans aucune once d’hésitation, sous le nez et la barbe du Patron du Pays, dans un réceptif hôtelier de Kaloum, à quelques pas du palais Mohamed 05, d’ouvrir un cadre formel de discussions sur des questions concrètes relatives au retour à l’ordre constitutionnel.
Il n’y a donc plus lieu de s’interroger sur l’opportunité de l’organisation d’un tel évènement par des responsables du parti , dont la gestion du pays a été le prétexte parfait pour la junte militaire au pouvoir de justifier son effraction sur la scène politique.
C’est à prétendre donc, qu’ils sont convaincus que tout s’acquiert en Guinée par le rapport de force. A défaut, on peut subodorer une complicité qui devrait être la raison de leur audace et le chemin balisé vers la reconquête sans coup férir du pouvoir. Ce serait alors un fait très rare qui pourrait être la plus grande inspiration pour les partis politiques d’ailleurs, qui ont été victimes de coup d’État.
Mognouma Cissé