Monsieur Amadou Damaro Camara, Président du comité central du RPG qui siège au Palais du Peuple, a participé le samedi 14 août 2021 dans un réceptif hôtelier de la place, à la dédicace de deux livres publiés par un couple de magistrats.
Au cours de cette cérémonie, il est revenu sur le différend qui l’avait opposé il y a quelques mois aux magistrats vis-à-vis desquels il avait tenu des propos peu amères. Pour créer une sorte de division entre les magistrats, il a déclaré qu’il n’était pas en conflit avec tous les magistrats mais seulement quelques-uns d’entre eux. Parlant de Monsieur Mohamed Aly Thiam, un des auteurs des deux livres, il a employé le terme ” ami”. C’est la preuve que la procédure des magistrats contre Amadou Damaro Camara ne pouvait aucunement aboutir puisque le président de leur association est son ami. Mais le plus significatif lors de cette cérémonie de dédicace, c’est qu’il a repris presque toutes les critiques qu’il avait formulées contre la justice guinéenne à la seule différence qu’il a usé cette fois-ci d’un langage plus diplomatique.
En effet, il a dit que la justice guinéenne a du chemin à faire. Avant, il disait que cette justice peine à rassurer. Ce qui revient au même. Ces mots cachent en réalité beaucoup de griefs et de reproches. La question qu’il faut se poser est de savoir pourquoi tant de critiques à l’endroit de la justice guinéenne y compris de la part d’un des personnages les plus haut placés du système Alpha Condé. On pourrait même s’étonner que ces critiques viennent de celui-ci puisqu’il est clairement établi aujourd’hui que cette justice est au service de Alpha Condé. Voilà une question qui devrait donner à réfléchir aux magistrats guinéens. Ils doivent comprendre que même le système dont ils sont de fidèles serviteurs n’est pas satisfait d’eux. Quid alors des citoyens lambda qui sont quotidiennement brimés, écrasés et anéantis par cette même justice ? Pourquoi les magistrats sont-ils insensibles aux critiques qui leur sont faites et dont la plupart sont fondées ?
Les déclarations de Amadou Damaro Camara viennent apporter de l’eau au moulin de tous les citoyens anonymes ou moins anonymes qui subissent les méfaits de la justice guinéenne. Dans ses livres ” Un Africain engagé” et ” Une certaine idée de la Guinée”, Alpha Condé est revenu sur son procès en 2000 et a pointé du doigt l’iniquité du verdict qui a été rendu contre lui par des magistrats qui vivent encore aujourd’hui. Ces magistrats se seraient bien passés d’un rappel aussi peu glorieux et honorable.
Mais les faits restent les faits. C’est pourquoi, les magistrats en fonction aujourd’hui devraient penser à ce que d’autres écriront ou diront un jour sur la manière ils rendent la justice aujourd’hui. Ce jour-là, ils n’auront aucun moyen pour effacer ces faits historiques. Il est absolument indispensable qu’ils comprennent que l’histoire s’écrit demain mais elle se fait aujourd’hui.
SÉKOU KOUNDOUNO
RESPONSABLE DES STRATÉGIES ET PLANIFICATION DU FNDC