Encore dix mois de rallonge pour le Conor. Quatre de plus que le premier délai qu’on lui avait accordé. Et si l’on y rajoute le premier mandat de six mois on n’est pas loin d’un demi mandat officiel.
C’est une première pour une structure de transition en Afrique alors que la Guinée n’est pas la première expérience de la normalisation en Afrique. En temps de Covid on aurait compris car les premières prolongations se sont appuyées sur cet argument. C’est comme si le Conor avait hérité d’un football en lambeaux ou tout était à la ramasse.
C’est comme si c’est un énorme chantier qui avait débuté et dont la finition prendrait un temps fou. C’est comme si le constat de la communauté du football laissé en rade et les préoccupations du public et des autorités ne comptent pas. En fin, c’est comme si le provisoire prenait les allures du définitif.
Il suffit de tenter d’évaluer ce Conor pour déchanter et s’interroger sur le bien fondé et les véritables motifs de ce prolongement. Une Coupe d’Afrique à gérer, un entraineur à nommer et une pagaille organisée au Stade Général Lansana Conté. Pas plus. Pour ce bilan bien chiche, le timing offert par la Fifa a été plus important que le premier mandat. Un véritable blanc seing. On peut même en bomber le torse si on reste à la surface en surfant tout comme on peut s’interroger sur plusieurs aspects subtilement enfouis dans cette démarche de la Fifa.
Cette grosse rallonge reste disproportionnée par rapport aux raisons qui ont abouti à la mise en place du Conor. Le football n’était pas un champ de ruines qu’il faut nettoyer, défricher, labourer et mettre en jachère pour le remettre en activité. Il garde intact son socle avec ses clubs, ses dirigeants et ses compétitions qui se tiennent régulièrement à travers le pays. Tout un monde qui reste uni à travers les membres statutaires et prêt à renouer les fils du dialogue pour repartir.
De simples fissures à rafistoler que l’avènement du Conor a transformé en cratères à remblayer du fait de son éloignement du mouvement sportif. Le Conor n’est pas une tour d’Ivoire où l’on s’emmure pour assener des coups, ce n’est pas non plus cette montagne dont on ne retient que le point culminant. Il s’agit plutôt de maintenir la cohésion au sein de la famille, d’être la passerelle devant relier tous les bouts d’une quelconque fracture.
Aujourd’hui point d’initiatives pour rassembler, point de tentatives par rapport aux textes. Bref aucun point de suture. Ce monde sportif qui constitue un acquis de taille est toujours royalement et silencieusement ignoré par le Conor et tous ses grands parrains qui tirent les ficelles dans l’ombres.
Peut être que le glissement excessif de 10 mois sera une opportunité offerte à ce Conor pour l’atteinte de ses objectifs obscures qui approfondissent le profond coma de notre football.
Sékou Koutoubou Kaba
Journaliste Sportif