Quand dans un pays tout ce qui est dit semble vrai, jusqu’à preuve du contraire, beaucoup d’acteurs, notamment politiques, profitent de la réserve et de la pudeur des uns et des autres pour dire tout et n’importe quoi, confortés qu’ils sont à l’idée que personne ne viendra démentir leurs affabulations.
L’auteur de ces lignes est de ceux qui estiment qu’il ne faut rien laisser passer, tant qu’il s’agit de rétablir la vérité et d’édifier une opinion trop victime de sa bonne foi, sinon de sa crédulité que d’aucuns assimilent sans doute à de la naïveté.
Le leader du PADES affirme, sans doute convaincu de ne pas être démenti comme d’habitude, qu’il n’a pas voulu appartenir au Gouvernement Kassory Fofana parce qu’il lui aurait été proposé de dissoudre son parti avant, comme d’autres l’ont fait dans le pacte d’union proposé par la majorité présidentielle, à la faveur de l’ouverture souhaitée avec d’autres partis malgré sa suprématie apparente.
Certes, la question a été évoquée dans les discussions, parce qu’on ne peut parler de négociations que si dans l’accord toutes les parties trouvent leurs comptes. Or, avec Ousmane Kaba et son PADES, le rapprochement envisagé à cette époque de tous les défis politiques et des enjeux électoraux majeurs, relevait plus du symbole que du rapport de forces politique.
Quel poids le PADES a-t-il encore aujourd’hui, même arrimé à une Coalition dans laquelle son leader espère jouer les premiers rôles, comme il en a la velléité avec tout le monde et dans tout ce qu’il entreprend ?
Ousmane Kaba a-t-il jamais représenté une menace ? En tout cas, pas pour le Président Alpha Condé et le parti au pouvoir.
La difficulté qui entrave depuis toujours le parcours et la carrière d’Ousmane Kaba, c’est qu’il veut se vendre plus cher qu’il ne vaut, à défaut de faire l’histoire, il écrit sa propre fable pour flatter son égo surdimensionné, et maintenant pour les besoins d’une surenchère politique assumée et d’une romance médiatique suscitée et encouragée.
Nommé Premier Ministre, Dr Ibrahima Kassory Fofana, a entamé ses consultations, comme il est de tradition, pour proposer une équipe gouvernementale au Chef de l’État.
Ousmane Kaba, comme tant d’autres, a été approché. Et comme toujours, beaucoup d’appelés, peu d’élus. Les échanges n’ont pas achoppé comme il voudrait le faire croire sur la question de la dissolution de son parti, ou sa fusion dans le RPG-ARC-EN-CIEL.
Il lui a été proposé de succéder à Kassory Fofana, après la nomination de celui-ci comme Premier ministre. L’unique question qu’il a posée : « quel est le budget ? Il n’y en a pas ».
Il a décliné alors l’offre. C’est après cela, que l’on a évoqué le ministère du Budget ou celui des Finances. Ayant certainement les yeux plus que gros que le ventre, notre bonhomme a rétorqué : les deux, à défaut les Mines !
Bien entendu, c’était là, une prétention démesurée au regard de ce qu’il vaut sur l’échiquier politique. Autrement dit, en échange de rien de significatif de sa part même dans une fusion de son parti dans le RPG-ARC-EN-CIEL.
En Guinée, nul encore n’a été édifiée à propos de son poids politique et de l’assise électorale du PADES. Sans compter qu’on peut deviner les motivations de ses choix. Suivez, mon regard…
Au sujet du poste de Premier ministre qu’il convoite tant, c’est parce qu’il sait qu’il s’obtient par la volonté et la confiance du Président de la République, Professeur Alpha Condé, qu’il ne s’est pas contenté de faire acte de candidature ou de battre campagne ouvertement, il a aussi envoyé de nombreux signaux, utilisé divers canaux. En vain.
En dire plus s’apparenterait à un déballage inutile et des révélations accablantes contre un homme qui veut paraître désintéressé et défendre des convictions, et qui croit naïvement qu’il est un messie. Peut-être…
Mais ce qu’il semble être le seul à ne pas savoir, c’est que personne n’attend rien de lui. Ni le Professeur Alpha Condé qui avance sans lui, ni la Guinée qu’il a déjà servie – et on sait comment -, encore moins son « ami » Kassory dont il n’a pas réussi à prendre la place à la Primature, dans une fausse rivalité et un procès en sorcellerie des plus stupides.
Et si c’était le destin de Ousmane Kaba de toujours vouloir la place des autres, sans jamais y arriver et surtout de ne jamais connaître la sienne, trop porté sur ses ambitions et incapable de se libérer du pêché d’orgueil ?
Quand va-t-il enfin quitter son petit nuage, redescendre sur terre et voir la réalité du terrain politique, sans œillères et débarrassé de cet égocentrisme qui ferait sourire Narcisse en personne.
Fodé Amara Touré