Enfin ! Comme un ouf de soulagement, le Président de la junte a mis fin, ce mercredi 06 octobre, au vrai-faux suspens relatif à la nomination d’un nouveau Premier Ministre. Le nom du nouveau locataire du palais de la Colombe qui se susurrait dans l’opinion depuis deux semaines est désormais connu.
Il a fallu plus d’un mois au CNRD, plus longtemps que les deux précédentes transitions que le pays a connues, pour se décider en faisant le plus difficile arbitrage entre des candidats qui n’en déméritaient pas autant.
Mohamed Béavogui, ce fils de diplomate , lui aussi cousin du très célèbre ancien premier Ministre sous la révolution, Lansana Béavogui, est celui qui aura la lourde charge de diriger et coordonner les actions du futur gouvernement de la transition.
L’ancien fonctionnaire international s’installe enfin dans ce fauteuil de Premier Ministre qui lui a échappé plus d’une fois, en 2008 et en 2009, lui qui a failli de peu être un collaborateur de l’ancien Président Alpha Condé , cette fois comme ministre dans le gouvernement de celui-ci. On apprend que ses espoirs ont été déçus, selon les sources bien informées, à cause de certains petits détails non moins importants révélateurs de la rigueur du monsieur.
Comme l’effet de la mode, une habitude Guinéenne, un comportement connu notamment chez les leaders d’opinions, tout le monde s’est donné à cœur joie dans les commentaires qui flattent l’égo du nouveau promu.
Malgré le parcours aguichant de l’homme et son niveau intellectuel insoupçonné, avec plus de recul et moins de passion, on peut questionner son profil. Selon des observateurs, ce profil aura du mal à s’accommoder avec les objectifs de la transition qui sont bigrement politiques. D’ailleurs, lui-même a quelque peu reconnu cela dans ses premières déclarations en disant clairement que la transition n’a pas un rôle de développement.
On en conviendrait à cet effet, que notre as du développement connu pour ses qualités à structurer les projets en vue d’aller trouver les niches d’argent nécessaires pour mener à bien ces projets, devrait faire sa mue pour réussir le pari, relever ainsi les nombreux et difficiles défis qui s’attachent à sa mission prétentieusement et exclusivement politique. Il s’agira pour lui d’organiser cinq élections en un temps réduit.
Cumulativement, le natif de Porédaka doit aussi apprendre à connaitre l’administration Guinéenne en vue d’apporter à celle-ci, notoirement connue comme étant bien pourrie, la thérapie nécessaire à sa refondation. Un autre pari qui s’annonce tout aussi difficile avec quelqu’un qui a évolué, toute sa carrière durant, dans un environnement réglé avec des collaborateurs choisis selon leur mérite, totalement à l’antipode de l’environnement de travail qu’il s’apprête à intégrer.
Loin de jouer aux cassandres, les futures collaborations ne seront pas une partie de plaisir entre le nouveau Premier Ministre et la junte avec ses nombreux conseillers qui ne semblent toujours pas s’empêcher, malgré la nouvelle donne, de faire quelques incursions dans le domaine qui est celui du nouveau promu.
On peut bien espérer au-delà des interrogations légitimes, si Mohamed Béavogui qui aurait particulièrement voulu de ce poste et en aurait fait un objectif de la fin de sa belle carrière, ne sera pas que simplement carriériste.
Mognouma Cissé