Le retard à l’allumage dans la formation du casting gouvernemental donne lieu à toutes les supputations, y compris les plus farfelues. En attendant que ne soit mis fin à ce suspense hitchcockien, le colonel Mamadi Doumbouya est dans une cadence de la politique des petits pas.
« Hâte toi lentement ». A l’allure où va le train, c’est comme si le chef de la junte, le colonel Mamadi Doumbouya avait bien assimilé cette devise de l’empereur romain Auguste, dont la réputation pour son sang-froid était légendaire.
C’est du moins l’impression que donne le nouveau président de la réplique. Qui, trois semaines après l’éviction du régime de son mentor, n’a toujours pas dévoilé son casting gouvernemental. Bien que l’opinion soit sur des charbons ardents.
En homme averti, le colonel Doumbouya veut certainement éviter de mettre le doigt dans l’engrenage. En effectuant un travail de bénédictin. Afin qu’au final, les espérances ne soient pas déçues. Car les Guinéens attendent de voir les visages du futur gouvernement pour savoir vers quelle transition le CCNRD voudrait les mener. S’il ne s’agit pas d’un « attelage disparate ». Sans oublier bien entendu cette fameuse charte, censée servir de fil d’ariane à cette période d’interrègne.
Ne dit-on pas que « c’est au pied du mur qu’on attend le maçon ».
Pour le moment, laissons la junte évacuer la pression, après avoir renversé le président Alpha Condé, dont la chute a donné lieu à une levée de boucliers sans précédent, de la part de la communauté internationale. De la Cédéao, à l’UA, en passant par la Francophonie, jusqu’aux Nations Unies, chacune de ces institutions ayant pris fait et cause pour le président déchu.
Même si certains observateurs pensent que c’est le professeur qui se serait brûlé les vaisseaux, en se lançant dans son fameux projet d’une présidence à vie. Après deux mandats menés laborieusement et au terme desquels il devait s’en aller avec la satisfaction du devoir accompli. Au lieu de commettre le péché originel.
Après avoir fait preuve de bravoure, en mettant fin à cette navigation à vue, les nouveaux maîtres du pays ayant fait du rassemblement l’un de leurs crédos, essaient tant bien que mal de créer un consensus autour de leur programme de transition.
D’où cette idée de consultations nationales avec les forces vives de la nation, devant déboucher sur la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.
Des travaux qui ont pris fin la semaine dernière au palais du peuple, après avoir bénéficié d’une adhésion populaire. De quoi conforter le colonel Mamadi Doumbouya, dans son rôle de chef d’État, à qui tous ont fait allégeance. Sans exception.
Il faut s’attendre maintenant à la prochaine étape de la reconstitution du puzzle. Celle devant porter sans nul doute sur le casting gouvernemental, pour ne pas donner cette impression de flottement. Que le CNRD ne vienne surtout pas nous servir un gouvernement pléthorique, synonyme de rigidité et de boulimie.
Comme sous le CNDD, où le partage du butin était la règle d’or.
Il revient au colonel Doumbouya d’avoir les yeux d’argus, pour contenir l’appétit vorace de ses collaborateurs. Pour le bien de la république.
Mamadou Dian Baldé