Si cela peut permettre après d’accuser l’adversaire de mauvaise foi, tant pis de perdre la face pendant un temps. Comme toujours, il faut feindre de comprendre pour donner un faux espoir. Il faut laisser croire que le chemin vers dialogue peut être suivi, malgré l’absence de foi dans le dialogue. Avec en ligne de mire un seul objectif, se fabriquer des témoins même sur la base des alibis pour se couvrir des critiques.
C’est un secret de polichinelles que , ces derniers temps les causeries en taxi, à la maison, au bureau, au café, partout étaient alimentées par les chantiers en cours de réalisation, les inaugurations et les heureuses perspectives qui poussaient, même les plus dubitatifs à adhérer aux idéaux de la junte au pouvoir à Conakry.
Toute chose qui a eu le don de ne pas laisser la junte militaire insensible. Elle avait le vent en poupe. Les bains de foules du président de la transition dans la capitale et à l’intérieur du pays, sont l’illustration de l’harmonie entre l’appréciation de ses actes posés et la prise en compte des aspirations des guinéens.
Après ces moments d’accalmie, au cours desquels les guinéens avaient commencé à juger la junte aux actes. Et que, la junte elle-même avait commencé à croire en sa solitude au bal ,les forces vives se considérant comme des danseurs légaux décident d’occuper la piste bien ou mal.
C’est pourquoi, elles se sont fendues d’un communiqué annonçant le retrait des négociations pour briser cet élan. C’est ce qu’il y a de mieux à faire, pour éviter d’être pris au dépourvu.
En faisant aussi la lecture derrière le rideau de la décision de retrait, on dirait que la dernière baignade à Labé, forteresse politiquement intouchable d’un leader politique, pourrait être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Visiblement, cette sortie sur Labé avait tout l’air d’un défi politique lancé à ceux qui lorgnent le fauteuil présidentiel et qui sont opposés à la conduite de la transition, comme Cellou Dalein.
De surcroît, cela s’est produit au moment où, le principal concerné demandait en transe, et avec toute la piété qui sied à Dieu à la Mecque , « Dieu donne-moi maintenant le pouvoir! Dieu donne-moi ! Dieu donne-moi !…. ». Une raison de sonner le glas aux négociations qui attendent l’agrément divin.
L’autre explication qu’on pourrait verser à la justification du communiqué, est la rencontre entre le ministre de l’administration du territoire, les coalitions politiques ainsi que les partenaires techniques et financiers de la Guinée. C’était ce vendredi 28 avril 2028 à Conakry. Ironie du sort, c’est à la même date que ce communiqué intempestif est signé.
Selon les participants, l’exposé sur le processus qui doit déboucher sur l’organisation des élections porte à croire que, les préparatifs galopent. Les forces vives croyant en leur capacités d’hier, se rendent compte finalement à corps défendant que l’écart se creuse. Or, on peut porter les lunettes du passé voir le présent.
Elles constatent à leur dépend que, le duel se perd chaque minute qui passe. Alors, il faut stopper le processus par le rapport de forces, pour l’intégrer après lorsqu’il va redémarrer, quitte à provoquer consternation et désolation profondes.
Et d’un point de vue superstitieux, les forces vives pourraient aussi croire que, les prédictions du féticheur Mofa Sory, qui fixent la fin de règne du locataire du palais Mohamed 5, se réaliseraient à la suite d’un mouvement subversif.
Ou tout au moins, croyant à une panique générée par ces prédictions mais que, seules les rumeurs peuvent certifier, elles pourraient surfer sur une psychose généralisée. Il n’est pas aussi exclu que, la sortie des plateformes syndicales soit prise en compte par les calculs machiavéliques.
En conséquence, il faut anticiper pour entraver les velléités de la junte ou exploiter les moments de psychose vraie ou imaginaire, pour enclencher la machine de chantage politique, momentanément sur cale religieuse. C’est la stratégie hypocrite que compte dérouler les forces vives, contre le chronogramme en marche de la transition.
Ce qui fait dire à certains qu’à cette allure, tout ce qui reste aux guinéens, c’est de prier que ce communiqué empêche les vieux démons de reposséder les esprits responsables des brûlures de pneus, des destructions des biens publics, privés, des blessures et morts par balles.
Bella Kamano, Président du RNPG