Alors que la coalition rebelle approche d’Addis-Abeba, le gouvernement recrute de nouveaux soldats. Mercredi 24 novembre, dans la banlieue de la capitale, environ 1 200 jeunes s’engageaient dans les forces de défense.
Avec notre correspondant à Addis-Abeba, Noé Hochet-Bodin
Dans le quartier de Kolfe, ils sont 18 000 comme Tewodros Tefera à s’être organisés en milices d’autodéfense. « La vie n’a pas de sens sans un pays stable autour de soi. Si je meurs sur le champ de bataille, cela permettra à ma famille et aux générations futures de vivre en liberté », raconte-t-il.
Mais pour l’instant, Tewodros ne part pas au front, il reste à l’arrière. Il pourrait cependant répondre à l’appel du Premier ministre Abiy Ahmed, qui annonçait vouloir diriger lui-même les opérations depuis le champ de bataille. « On connaît déjà les exemples de Tewodros, Ménélik et Haïlé Sélassié. C’est pareil pour Abiy Ahmed. On sait que quand votre leader est sur la ligne de front avec vous, vous ne reculez pas. »
Sur l’esplanade de Kolfe, les politiciens enchaînent les discours, la population locale est venue soutenir les jeunes qui partent au front. Manaye Lemesgen, lui, a 31 ans et part pour le front jeudi. « Aucun membre de ma famille ne sait que je pars pour servir l’armée. Mais moi, je veux vraiment sacrifier ma vie pour la survie de l’Éthiopie. Je suis très heureux de pouvoir me sacrifier », témoigne-t-il.
Après quelques jours de formation dans une localité du sud d’Addis-Abeba, il partira pour la région Amhara où les rebelles tigréens continuent à progresser.
C’est à cause de l’avancée des rebelles que le Premier ministre a décrété la mobilisation générale. Il ne reste plus qu’environ 180 km entre la ligne de front et les faubourgs de la capitale.
Les rebelles se rapprochent de la capitale
Mardi soir, de violents combats avaient encore lieu au-dessus de la bourgade de Debre Sina, à 190 km de la capitale. Le village lui-même, qui se trouve au pied d’un massif montagneux, a été pris par la rébellion qui se battait la nuit dernière pour le contrôle du col de Termaber, à une dizaine de kilomètres plus en avant, un col traversé par un tunnel routier stratégique qu’on appelle « le tunnel des Italiens ».
Un passage d’autant plus stratégique, car au-delà de ce tunnel et après ce col à 3 000 mètres d’altitude commence le plateau menant aux faubourgs d’Addis-Abeba. Si ce col est passé, il ne resterait plus, entre la ligne de front et la capitale, que la ville de Debre Berhan, au kilomètre 130. Après quoi commence la région de l’Oromiya et une campagne ponctuée de villages, jusqu’à la vallée où se trouve la capitale.
La situation est donc critique pour les forces fédérales. D’autant que, selon des observateurs militaires, les rebelles tigréens semblent également contourner le front principal en plusieurs points, dans les montagnes plus à l’ouest. L’objectif est sans doute de faire la jonction avec les poches de territoire tenues au nord d’Addis-Abeba par l’Armée de libération oromo.
rfi.fr