Chers membres du FNDC (Foniké Menguè, Sekou KOUNDOUNO, Ibrahima DIALLO, Saikou Yaya…),
Enfin !!!
Ce dimanche 05 septembre 2021, l’armée a finalement eu raison de M. Alpha CONDE.
Votre lutte n’a pas été vaine, vos sacrifices ont donnés les résultats escomptés, vos souffrances ont été justifiées. Les prisonniers politiques sont libres, les exilés politiques vont pouvoir regagner le bercail, mais le combat n’est pas fini. Loin s’en faut
Vous avez fait preuve de courage, d’abnégation, de conviction, vous avez mis vos vies en jeux pour que la Guinée soit une démocratie, pour défendre la constitution de 2010 qui, à ne pas douter était un texte bien adapté à la jeune démocratie guinéenne.
Cette lutte que vous avez menée a contribué à asphyxier le régime illégitime et illégal de M. CONDE jusqu’à son agonie. Elle fait partie des motifs qui ont poussés les forces spéciales à agir. Le peuple vous est reconnaissant.
Au demeurant, après l’euphorie ayant accompagné la prise du pouvoir (la libération du peuple) par le Lieutenant-Colonel Doumbouya et ses hommes je serai ravi que puissiez faire un premier bilan car on peut affirmer sans risque de se tromper que le torchon qui a servi de constitution à M. Condé pour son 3eme mandat n’est pas une constitution. Dans ce cas, faut-il revenir à la constitution de 2010 (qui, pour moi est celle en vigueur) ou bien faut-il inciter et accompagner la junte à mettre en place une nouvelle constitution que le peuple approuvera par referendum ? La question reste posée et le FNDC doit contribuer à trouver une réponse en se rapprochant de la junte afin de prendre la température et avoir une idée sur la marche à suivre dans cette perspective.
D’un autre côté, j’ai envie de vous dire que de par l’aura qui émane de votre organisation et de par la nécessité de son existence, le FNDC fait désormais partie intégrante de la société civile guinéenne, voire même sous régionale.
Dorénavant, votre lutte ne doit pas uniquement être axée sur la défense de la constitution, elle doit porter sur la défense des droits du peuple, informer les guinéens sur les lois votées à l’assemblée nationale (si elles sont nocives pour le pays par exemple), alerter nos gouvernants sur les tares de la gouvernance en faisant des rapports sur tous les domaines de la mal gouvernance, faire des proposition pour l’amélioration des conditions de vies des population, appeler à des manifestations pacifiques et encadrées quand les intérêts du pays sont bafoués ou quand la démocratie ou le vivre ensemble sont menacés, lutter contre la corruption… et j’en passe.
Votre organisation doit profiter de ce changement de régime pour se restructurer, à savoir :
– mettre en place un organigramme clair,
– élaborer un règlement intérieur,
– avoir une existence légale qui ne sera pas en contradiction avec les lois de notre pays,
– décliner les domaines d’intervention.
En fin, permettez-moi de vous donner un conseil : si vous voulez avoir une existence à l’infinie et une crédibilité en acier dans le pays et à l’international, je vous exhorte à vous dissocier des partis politiques. Ils ont tendance à se solidariser du FNDC pour profiter de sa neutralité et de sa crédibilité. Le FNDC n’est pas un parti politique et n’a pas vocation à en être.
Vous semblez minimiser votre force mobilisatrice mais les faits nous ont démontrés que votre lutte est reconnue par la grande majorité des guinéens.
Il faut donc se garder à l’idée de s’acoquiner avec les partis pliques car si l’un d’entre eux arrive au pouvoir avec votre bénédiction, l’existence du FNDC sera remise en cause éternellement.
Cordialement,
Par Thierno H. BAH
Juriste chargé de la commande publique
Paris, France