Dans les vicissitudes de l’histoire des grandes nations, il y a ceux qui ont régné par la terreur et d’autres qui ont triomphé par la bonté, la loyauté et la dextérité dans leurs actes de tous les jours. La visite du colonel Doumbouya au cimetière de Bambéto au-delà du symbole, est un acte purement humain et réconciliateur.
Cet acte nous enseigne qu’il ne suffit pas de cohabiter avec le saint pour réclamer la piété. Sinon, comment comprendre qu’un opposant avec 40 ans de lutte politique, adulé partout en Afrique pour sa constance et ses beaux discours qui revendiquent des vertus démocratiques et d’humanisme, accède au pouvoir et se transforme en un dictateur, un cauchemar pour son peuple.
Aujourd’hui, c’est un jeune officier à la tête de la force de frappe de l’armée guinéenne, qui vient poser des actes de paix, d’amour et donc, d’humanisme. Comme pour dire qu’on peut diriger sans recourir aux armes pour obtenir la paix. Tout dépend des discours, des actes.
En tout cas, le colonel Doumbouya vient de donner la leçon à la défunte élite dirigeante obsédée par le pouvoir et ses avantages. Qui l’eût crû ?
Plusieurs dizaines de jeunes qui croquaient la vie à belles dents mortellement fauchés par les balles de ceux qui sont censés les protéger. Le système Condé n’a pas ménager les moyens pour stigmatiser la route le Prince qualifiée d’axe du mal. Une zone qui a eu le simple malheur d’être un bastion de l’opposition. Que diront aujourd’hui certains dignitaires du système Condé qui n’hésitaient pas à dire que pour aller à Bambéto, il faut être armé. Qui n’a pas encore cette image révoltante de jets de gaz lacrymogènes au cimetière de Bambéto ! La culture de la haine et de la stigmatisation, a été l’une des marques de fabrique du régime CONDÉ. Jamais, en sa qualité de chef d’État, père, il n’a été dans des familles endeuillées de l’axe pour compatir à leur douleur. Au contraire, des familles ont été empêchée de pleurer leurs morts. Pour celles qui parvenaient à le faire, c’est parfois sous le crépitement des armes.
Ce lundi, le colonel Mamadi Doumbouya est allé à Bambéto accueillit comme un sauveur par les mêmes jeunes. Des jeunes qui, au-delà des clichés d’éthnos qu’on leur colle, pensent et croient dur comme fer et parfois avec une certaine naïveté, que le salut de la Guinée passe par la démocratie. Du fond de leur tombe, les jeunes martyrs peuvent se réjouir de la noblesse de leur combat.
Pour des dirigeants vertueux, il n’y pas de peuple rebelle. Il y a peut-être des citoyens qui demandent un peu trop.
Le colonel Doumbouya est venu recoller les morceaux d’un tissu social déchiré où les traces ténébreuses du troisième mandat restent encore vivaces. Espérons que les démons de la division ethnique et communautaire ne puissent le phagocyter. Le colonel doit garder sa mémoire d’acier pour résister aux différentes tentations pour gagner le pari de l’espoir. L’espoir d’une Guinée unie et forte de sa diversité. Une Guinée où il n’y a plus de Malinké, de Peul, Soussou. Mais des Guinéens tout court.
Comme pour dire, qu’il n’y a pas de Guinéens ethno, il y avait plutôt des dirigeants qui jouaient sur la fibre ethnique pour asseoir leur pouvoir.
Vivement la multiplication de tels actes qui apaisent les cœurs. Cette action doit s’étendre aux martyrs de Zogota, Womé, N’Zérékoré…
Ibrahim kalil Diallo
Journaliste