Dans un duel, une règle universelle s’impose à tous : elle consiste pour les uns à exprimer leur joie tant soit peu après une victoire acquise aux forceps ou sur le laurier, pour les autres à prendre en compte la nouvelle donne, autrement dit l’échec, pour mieux affronter le futur. Ainsi se décline notre destin insaisissable, celui qui nous commande de tirer parti de chaque épreuve sans jamais désemparer pour construire nos vies, car il y va de notre bien propre et de celui de millions d’autres âmes.
Parce qu’en réalité quoiqu’on dise et qu’on l’entende ou non, notre bonheur tout comme nos souffrances, ne saurait être anodin encore moins solitaire. Un seul trait distingue cependant les deux, quand ça va on est beaucoup encensé mais lorsque le pire doit arriver ou qu’il s’est déjà produit, tout porte à croire qu’on devient le plus grand orphelin du monde.
Telle est l’impression qui se dégage en Guinée. La Guinée de ces dernières années qui rappelle ces violentes époques qu’il ne m’est guère opportun de rappeler, le présent étant déjà allé aux extrêmes pour ne pas dire bourré d’excès et d’incertitudes. Chaque jour façonne un peu plus ce climat décevant pour bon nombre de Guinéens pour qui le bonheur se résume encore au train-train quotidien ou la quête de la bouffe en premier lieu. Quittes à satisfaire aux potentats, d’un estomac parfois truffé de vermines !
Pour être plus honnête, Dalein et Alpha en sont pour quelque chose à défaut de croire qu’ils sont les grands artisans de ce imbroglio politique en tant que symboles vivants et acteurs majeurs d’une Guinée qui renvoie au monde entier l’image d’un pays en perpétuel recommencement. De part et d’autre, il y a cet éternel rêve de parachever le chantier, chacun avec ses proches ayant l’entière conviction de militer pour la bonne cause en invoquant le sentiment patriotique et prônant à tort ou à raison, sa vision pour la Guinée déclinée vaille que vaille comme sur un tapis roulant sans fin et sans issue.
La présidentielle du 18 octobre 2020 est la suite logique de ce combat loin d’être gagné par le président Alpha Condé qui reste et demeure le locataire du palais Sèkhoutoureyah depuis 2010 et son principal challenger en passe de devenir comme lui, l’opposant historique prêt parce que déterminé à assumer le pouvoir d’État après tant d’années de tentatives dont chacun s’est fait sa propre idée !
Mais la Guinée peut-elle espérer se développer quand la confrontation devient un emblème et que les querelles de leadership ont tendance à se substituer aux vrais maux que sont les grands défis de développement ? La réponse est NON ! Cellou et Alpha doivent s’accorder sur quelque chose, s’ils ont du mal à se tenir les bras, ils peuvent au moins reconnaitre et accepter que la Guinée est leur bijou à chérir, la terre qui les a forgés et sans laquelle ils ne sauraient se révéler au monde, pas même avoir l’occasion de parler au nom du peuple et pour ce peuple qu’ils entendent tous représenter avec fierté.
Pour leurs familles et pour les nôtres, ces deux acteurs majeurs de la vie politique guinéenne ont l’ultime devoir d’enterrer la “hache de guerre”. À ce stade, nul d’entre eux ne peut se targuer d’avoir remporté des batailles politiques ou des joutes électorales quand bien même fume la case GUINÉE, le seul et unique abri de tous les GUINÉENS condamnés à vivre ENSEMBLE !
Habib Thiam