Pour grandir, il faut avoir des racines suffisamment fortes. Car, plus elles s’enfoncent, mieux l’on grandit. Les vicissitudes de l’histoire de la République de Guinée, ont suffisamment fragilisé les racines de la société. Malgré un climat apparent de cohésion sociale, certaines composantes de la société guinéenne ont, en réalité » emmitouflé la haine et le mépris « . La haine pour ceux qui estiment être les victimes expiatoires de l’intolérance démocratique du premier régime. Et le mépris, pour les partisans du camarade Ahmed Sékou Touré. Les différents régimes qui se sont succédés à la tête du pays ont joué à la politique de l’autruche. Il n’y a pas eu d’initiatives concrètes pour éponger cette question en vue de faire face aux défis du développement.
C’est pourquoi, près de 40 ans, après le pouvoir de Sékou Touré, le clivage persiste.
Et comme le disait l’autre, lorsqu’on est trop nostalgique de son passé, il est évident qu’on est malheureux dans son présent. Le seul qui semble avoir le courage d’aborder la question, en fait les frais.
Il a suffit que le colonel Mamadi Doumbouya donne le nom de l’aéroport international de Conakry au feu camarade Ahmed Sékou Touré, pour voir rejaillir la division entre les pro et anti Sékou Touré.
C’est un scénario terrible que traverse la Guinée. Car, le petit fils de Sékou Touré pense que Diallo Telly, Barry Diawadou,…sont « des traîtres ». Ils méritent le sort atroce qui leur a été infligé.
Les petits fils de ces derniers pensent que leurs parents ont été des victimes d’un pouvoir totalitaire et sanguinaire qui a « broyé » parfois avec zèle, toutes les voix discordantes. C’est le statut quo.
Pire, cet acte du colonel président, est devenu une brèche où s’engouffrent » les businessman » des crises. Ils surfent sur l’ethnie pour enfoncer la division entre les communautés. Cette stratégie maléfique a fait recette dans le landerneau politique. Notamment en 2010. D’ailleurs, c’est un des lourds héritages qu’aura laissé le régime d’Alpha Condé. Un régime qui a suffisamment exploité l’ethno stratégie pour dérouler son programme de gouvernance.
Aujourd’hui, la Guinée a une occasion rêvée de soigner « cette plaie » pour passer à l’essentiel. Le nouvel homme fort de Conakry est apparemment engagé à amener les Guinéens à regarder dans la même direction. « Il faut éviter les erreurs du passé » clame-t-il à chaque occasion. Il est vraiment temps d’extraire » cette épine » dans les pieds des Guinéens.
Il faut peut-être trouvé la formule. Il est impérieux aujourd’hui, que les Guinéens abordent avec courage, leur histoire. Ils doivent se parler et surtout se pardonner.
Nous ne devons pas nous embastillé indéfiniment dans notre passé.
Nous devons faire face aux questions existentielles. L’eau, l’électricité, les routes, les hôpitaux, la corruption, la mal gouvernance, …voilà ce grand chantier qui nous attend. Déjà, la traque aux délinquants financiers qui ont pompé nos sous ces dernières décennies, est engagée. Avec, in fine, la moralisation de la gestion publique. Le succès de cette transition passe forcément par là.
Ibrahim Kalil Diallo
Journaliste